Notre stratégie phytosanitaire

Une personne en train de traiter les tomates contre l'oïdium.

Il est possible que vous nous trouviez certains jours en combinaison intégrale, équipés d’un pulvérisateur, de lunettes, de gants et d’un masque à particules dans le champ. C’est que nous sommes en train de réaliser des traitements. Nous avons conscience que cela peut surprendre pour une ferme bio, voir, peut faire peur et c’est pourquoi il nous semble important d’en parler.

Commençons par rappeler que production bio ne signifie pas zéro traitements. Le contexte économique du marché agricole fait qu’il est difficile et risqué de se lancer dans la production à l’échelle commerciale en se passant de produits de protection phytosanitaire. C’est pourquoi, si les différents cahiers des charges bio en suisse et en Europe interdisent l’utilisation d’herbicides, il est en revanche autorisé d’utiliser des traitements pour combattre les ravageurs qui menacent les cultures (insectes, champignons, bactéries ou virus).

 

Ce qu’il faut retenir concernant les traitements en bio, c’est que les produits  de synthèse sont interdits. Les substances actives utilisées sont extraites de minéraux, de champignons, de plantes ou de bactéries. Ceci étant dit, il s’agit toujours de produits fortement concentrés et qui ont un effet bien réel. C’est pourquoi ils ne peuvent pas être considérés comme inoffensifs, surtout pour l’agriculteur·ice qui y est exposé·e dans des concentrations et à des fréquences supérieures à le/la consommateur·ice.

En revanche, ce que cela signifie c’est que les molécules sont moins persistantes dans l’environnement que des molécules de synthèse. Deux conséquences à cela :

  1. On n’aura pas ou moins de chances de les retrouver dans les écosystèmes. Une fois appliquées au champ sur les cultures, elles sont rapidement dégradées par les bactéries, ou les rayons ultraviolets du soleil.
  2. On doit parfois répéter les traitements plusieurs fois pour obtenir l’efficacité souhaitée sur un ravageur. Les agriculteurs bio ont donc en général besoin de pulvériser plus régulièrement.

En tant qu’entreprise qui forme des apprenti·es et qui emploie des gens pas toujours formés à la manipulation de ces produits, nous exigeons le port d’un ensemble complet pour minimiser le risque et ce, quelque soit le produit manipulé.

 

Le traitement d’une culture est toujours utilisé en dernier recours. Nous privilégions les techniques préventives pour protéger nos cultures : les moyens mécaniques (filets, taille des parties malades de la plante, élimination des insectes à la main), le contrôle du climat (aération, ombrage des tunnels) ou l’utilisation d’insectes auxiliaires pour réguler la pression des ravageurs.

Chaque année, par exemple, nous achetons et introduisons des guêpes parasitoïdes qui parasitent les pucerons. Malheureusement ces techniques ont leurs limites. Selon le climat, l’installation de l’insecte peut ne pas réussir, ou alors la prédation ne suffit pas à endiguer la prolifération du ravageur. Il arrive aussi qu’un traitement contre un ravageur (un champignon par exemple) pénalise les insectes auxiliaires que l’on a introduits. Ainsi, un traitement au soufre contre le mildiou sur courgettes va nuire aux auxiliaires qui sont censés combattre les pucerons. Tout est alors histoire de compromis où l’expertise du maraîcher est centrale. Nos cultures peuvent parfois ressembler aux photos ci-contre. Il faut alors réagir avec un traitement pour sauver la culture.

Chaque année, nous faisons de notre mieux pour réduire au maximum ces traitements car en plus de représenter un risque pour l’humain et l’environnement, ils sont pénibles et chers à mettre en œuvre. Rappelons également que dans le cadre de notre labellisation BioSuisse, nous sommes régulièrement contrôlés par un organisme indépendant qui vérifie les produits que nous possédons et de quelle manière nous les utilisons (homologation de la substance, concentration, stade de la culture au moment du traitement etc.).

Si comme nous vous souhaitez réduire l’utilisation de ces produits, voici quelques actions qui, selon nous, peuvent aider.

  1. Revoir les critères esthétiques de vos légumes à la baisse. Votre laitue est pleine de pucerons, de limaces ? Ce n’est pas très agréable nous sommes d’accord mais il vaut peut-être mieux ça qu’un résidus de produit phytosanitaire.

  2. Accepter qu’un légume ne soit parfois pas disponible car la culture n’a pas pu être sauvée. Certains ravageurs prolifèrent de façon cyclique sur plusieurs années et il arrive qu’il y en ait trop une année pour profiter d’une récolte suffisante.

  3. Cherchez à savoir d’où viennent vos légumes, échangez avec votre producteur, remettez les relations humaines de confiance entre elle/lui et vous. Savoir qui produit votre nourriture et valoriser son travail c’est lui permettre de mettre un visage sur un panier de légumes. On relègue alors la notion de profit davantage au second plan et on introduit du respect et de la bienveillance dans les échanges. 

Une dernière chose : il faut essayer de ne pas juger trop hâtivement ! On ne sait jamais ce qu’il y a dans un pulvérisateur. Il peut s’agir d’un insecticide très nocif comme d’une huile essentiel ou simplement de petit lait (utilisé contre la tavelure sur pommiers ou l’oïdium sur courgette).

Merci d’avoir pris le temps de lire cette page ! Si vous souhaitez en savoir plus, nous sommes ravi d’en parler avec vous et vous pouvez nous contacter par mail.

Le Goupil